DANSEUR
Odile Duboc n’aborde jamais la danse à partir du corps du danseur en temps que forme mais essentiellement à partir de ses trajectoires, de son énergie, de sa musicalité. Pour elle le danseur n’est pas lié à la forme mais à l’ensemble. Tantôt un parmi les autres, tantôt autre parmi les uns, il est une sorte d’instrument de musique qui développe en accord ou en désaccord avec l’orchestre, en contrepoint ou selon toute autre forme, un processus musical, mélodique, rythmique...
Philippe Le Moal
Comment travaillez-vous avec vos danseurs ?
J’ai toujours le désir de les faire entrer dans mes états de corps mais en même temps le souci de ne pas les mettre dans un moule. La danse doit naître dans l’instant, sans réfléchir à comment le corps doit s’engager. Je transmets des sensations que j’affine depuis 40 ans, et dont je pense qu’elles sont essentielles pour tous (danseur ou non), dans n’importe quelle direction. Mais je laisse une grande liberté aux danseurs sur les improvisations, même si je suis très critique. Sur Echappée, j’ai « ceinturé » Ahmed Khémis dans « ma » danse, sauf sur la fin où je l’ai laissé improviser, comme si je lâchais la ceinture et qu’il s’échappait. Ahmed – qui vient du Hip-hop – a été respectueux de sa propre énergie en même temps que de mes notions. Je suis rigoureuse mais j’essaie de renvoyer à chacun la possibilité de sa propre danse.
Extrait de Propos recueillis par Thomas Ferrand. Revue mrmr N°9, 2007