..."Chorégraphe, j’ai réfléchi sur la façon dont la musique intervient dans le spectacle de danse aujourd’hui. Le problème à mes yeux n’est pas résolu.
On peut retomber dans le même travers que dans le spectacle de ballet dit "classique". Je dis "travers" pour souligner l’inexistence de la musique, ou plutôt de sa fonction. C’est une des raisons qui fait qu’aujourd’hui encore la musique a souvent comme rôle de "paraphraser" le geste.
Je suis tentée de dire que le spectacle de danse doit exister par la danse seule, sans apport plaqué d’une musique. Une seule musique devrait intervenir, celle du danseur : musique de silence, de rythmes, de sons invisibles, intérieurs au danseur. Son chant"...
..."Il m’est arrivé de penser - dit elle - que pour aboutir à une meilleure intégration de la musique et du mouvement, il fallait que compositeur et chorégraphe travaillent, chacun de son côté, sur des bases communes, faisant confiance au hasard et à l’improvisation. D’où naîtrait une osmose... Mais pouvons-nous nous risquer à de telles expériences ?... "
"Je redoute les illusions que l’on se fait sur un renouvellement de la fonction musicale. Utiliser de la musique contemporaine, des mouvements contemporains, ne suffit pas. Parfois la contemporanéité a bon dos... "
" Il me semble indispensable que musiciens, chorégraphes, et danseurs travaillent avec un même objectif. Comment un geste autonome, authentique, réel, par rapport au son dont on a défini, arbitrairement ou non, la présence nécessaire à ce moment-là ? Et inversement.
Comment un son, un geste peuvent-ils participer à la construction d’une image sans annuler chacun son identité ?
Comment allier la cohérence de l’apparente incohérence ? "