Ce vieil homme rencontré autrefois dans les rues d’Aix, vêtu toujours de la même façon et répétant inlassablement les mêmes mouvements – il se lavait les mains d’un geste lent, quelquefois humectait son front en le rapprochant de sa main laquelle ne bougeait pas, d’autre fois encore ouvrait et refermait son manteau, toujours du même côté, en attachant le même petit lacet intérieur sans doute imaginaire – des gestes que nous appellerions répétitifs en danse...
La maladie dont il était sans doute atteint le détachait de toute psychologie et la lenteur de ses mouvements donnait un caractère tranquille et profond à ses actes. La répétition les rendait abstraits. Cet homme s’inscrivait directement dans une image spectaculaire. Ces fragments de vie qui ne m’appartiennent pas sont restés dans ma mémoire. Je pense qu’il y a dans nos quotidiens beaucoup de situations semblables ou différentes qui approchent d’une certaine façon la notion de temps. On les remarque ou pas. Quand le hasard veut qu’elles se produisent dans le même espace, nous nous trouvons devant un acte chorégraphique.