Le travail du regard oscille entre effacement et projection à l’infini. Odile Duboc invite à explorer deux extrêmes : une danse les yeux fermés, à l’écoute des sensations internes, et une danse les yeux grands ouverts sur l’infini, un regard à 180 degrés. "Je crois que les fondements de ma pédagogie sont dans ces deux regards : l’écoute intérieure de soi (c’est à dire une conscience, une attention) et l’écoute du groupe et de l’espace. Je parle d’avoir un regard intérieur, car j’ai constaté que si on voulait laisser peser la tête seule sans entraîner le buste, il fallait effacer le regard. Si je garde mon regard très présent, mon regard ouvert, je bloque mon cou. C’est uniquement parce que je vais voiler le regard que je vais pouvoir relâcher l’avant du cou, zone en dessous de l’endroit où va aller ma tête. C’est par ce moyen là que je vais pouvoir y aller. J’ai pu constater cela à force d’enseigner. Si le regard n’est pas porté de l’intérieur, par le désir, le danseur pour moi n’existe pas. Tourner son regard dans une direction revient à donner un point de chute à son mouvement et permet également au spectateur de changer son propre point de vue, de ne pas rester accroché au corps du danseur mais d’aller lui-même puiser dans cet endroit désigné.
Julie Perrin