La transmission est pour vous un engagement. Vous avez enseigné très tôt, et vous êtes actuellement sur le chantier d’une création avec 300 amateurs… Votre pratique serait-elle politique ?
L’artistique me renvoie à la pédagogie et la transmission à l’art et je me demande parfois si ce n’est pas la transmission qui m’intéresse le plus… Je prends autant de plaisir avec des amateurs qu’avec des danseurs professionnels. J’investis les mêmes thèmes de travail et je préfère parfois les débutants parce qu’ils ne sont pas formatés. Dans le programme des 300 amateurs, il n’y a pas de limite d’âge pas plus que d’idéal physique. Il y a des gens qui ont jusqu’à 65 ans, d’autres qui sont de bonne corpulence et avec lesquels on aura peut-être du mal… mais ce qui est important c’est de leur donner les moyens de s’approprier leurs propres sensations et de leur apporter un regard critique sur l’art, sur la vie. Françoise Michel, avec qui je travaille depuis 26 ans, m’a parfois dit "tu devrais faire des créations plus politiques", mais j’ai le sentiment déjà de l’être, surtout dans ma relation aux autres et dans mon obsession de tous les corps, de tous les individus.
Extrait entretien caen mrmr
Propos recueillis par Thomas Ferrand
Extrait lettre à Gérard Violette
26 fév. 1998
Cher Gérard,
(...)
Replaçant mon courrier dans mes préoccupations et revenant à la charge pour parler de ce qui a déjà été évoqué, demandé, exigé parfois par certains de mes confrères, je sais aujourd’hui que je désire que le nom des danseurs figure sur les affiches de mes créations au même titre que celui des créateurs associés.
La grosseur des caractères n’a pas d’importance. Seul le fait d’inscrire ces noms est important. Il a été discuté de ça entre Catherine Pirling, nouvelle employée chez nous, et Brigitte Guliani.
Cette dernière m’a conseillé de t’en parler moi-même, ce que je fais.
Nous nous sommes rendu compte trop tard (l’affiche étant sortie) que pour Projet de la matière à Bobigny, leurs noms avaient été oublié. Je ne veux plus que cet impair se renouvelle et te remercie d’en comprendre les raisons et de m’avoir écoutée.
Amicalement,
Odile Duboc